samedi 9 mars 2013

L’enfant, l’apprentissage et les sciences au cycle 2 Rôle du maître




Ce texte présente la spécificité de l'apprentissage de l'enfant au cycle 2 et précise le rôle de l'enseignant en classe de sciences.

Au cycle 2 l’enfant mène une scolarité de 5 à 8 ans. Il termine sa scolarité maternelle en entrant dès 5 ans en GS, classe qui ouvre au cycle 2 ou cycle des apprentissages fondamentaux. Ce cycle 2 comprenant ainsi la Grande section, conduit alors l’enfant de 6 à 8 ans, du cours préparatoire au cours élémentaire 1ère année — rappel : l’école maternelle et l’école élémentaire constituent le cycle primaire de l’enseignement.
La grande section de l’école maternelle lui emprunte sa pédagogie pour commencer le cycle des apprentissages fondamentaux.

Le cycle 2 fonde une première formation de base —  laquelle se complexifie au fil des années en posant les apprentissages fondamentaux : la nature des activités, les concepts et démarches, présentent ainsi au cycle 2 un degré d’élaboration plus élevé qu’au niveau précédent — ce dont l’enseignant de cycle 2 doit tenir compte.
Ce cycle est celui des premières opérations concrètes  — comparaison, tri, recherche d’invariants — de l’accès à la pensée logique, de la maîtrise du tableau à double entrée, enfin de l’entrée dans l’écrit scientifique en même temps que de l’initiation systématique à la maîtrise de la langue.

D’où la réaffirmation que les principes sur lesquels repose l’apprentissage au cycle 2 sont les mêmes qu’auparavant :
-      principe de progressivité des apprentissages,
-      principe de construction des connaissances par l’enfant apprenant,
-      principe d’une approche langagière dans la conduite des activités scolaires, y compris activités scientifiques expérimentales.

I. Construction de l'intelligence chez l’enfant

  1. La représentation, l’une des premières manifestations de l’intelligence  

On retiendra que l'intelligence de l'enfant se construit peu à peu, de pair avec sa maturation physique. Ainsi, par le développement de la fonction symbolique au cycle 1, l’enfant a acquis le concept de représentation, outil indispensable au développement de son intelligence au cycle 2. Par la fonction symbolique, l’enfant sait donner du SENS à ses actions, comprendre ce qu’il agit et prévoir le monde qui l’entoure.  
La représentation se concrétise par le dessin d’observation, véritable lien entre les questions de l’enfant au monde environnant et les réponses qu’il en retire. En maternelle, l’enfant a manipulé pour une première compréhension du monde  — « pour voir ». Au cycle 2, l’enfant va plus loin, il représente ce qu’il fait ou voit dans une perspective de répondre aux questions qui lui sont posées ou qu’il se pose. Le dessin devient un outil d’exploration du monde.
C’est pourquoi cette faculté de l’enfant de donner du sens à ses actions par le dessin d’observation, doit intéresser au premier plan le pédagogique.

  2. Qu’est-ce que construire ses connaissances ?

Reposant sur les caractéristiques de la pensée enfantine, la démarche d'apprentissage est celle de la construction de son savoir par l’enfant (son groupe, sa classe) sous le pilotage de l’enseignant[1]. Le rôle du maître n’est pas moindre : à la fois médiateur et pilote des conduites de sa classe, l’enseignant permet ainsi à l’enfant d’acquérir des connaissances — notionnels ou méthodologiques — au terme du scénario pédagogique qu’il aura lancé par des situations de travail prévues et conçues par lui ; elles mettent l’enfant en demeure d’agir, observer, comparer, tester, représenter, communiquer……etc.… toutes activités visant l’élaboration d’un savoir.
Les résultats apportés par la psychologie cognitive permettent de dégager quelques lignes de force pour l’enseignant, dans sa compréhension de l’apprentissage des sciences par l’enfant. Le rôle du langage y apparaît comme essentiel dans son intrication à la construction des connaissances, et réciproquement.

v  Situation de départ – Situation-problème ?

ll revient à l’enseignant de choisir ou d’élaborer les situations travail par lesquelles débute l’apprentissage : en pédagogie ce sont les « situations de départ ». Il peut utiliser les questions des élèves qui reviennent régulièrement
Il s’en suit que ces situations doivent s’inspirer des évènements de la vie quotidienne de l’enfant ou de celles de son environnement — habituel ou provoqué, que ce soit par du matériel ou des apports extérieurs. Et, pour que les situations de départ permettent aux élèves d’identifier des recherches, des observations ou investigations à entreprendre, il faut nécessairement que ces situations lui posent problème, ou constituent un moment d’interrogation pour lui, ou le mettent « en déséquilibre cognitif » — selon l’adage qui veut que « l’on n’apprend que par les questions que l’on se pose ».
Ces situations deviennent ainsi pour la classe des « situations-problèmes » que les enfants et les groupes ont à résoudre, étudier, analyser, etc… pour fournir des réponses. En conséquence, si la situation ne fait pas problème pour l’enfant, ou, si ce dernier n’identifie pas un problème dans la situation posée, celui-ci ne pourra élaborer ni réponse ni concept et donc, ne construira aucune connaissance stable.

On comprend que la compétence du maître repose sur la pertinence de la situation de départ laquelle dépend de la crédibilité de la question initiale pour l’enfant, de la curiosité qu’elle suscite, de l’envie d’entreprendre qu’elle déclanche.

II. Qu’est-ce que construire un concept ?

v  1. Faire construire un concept « notionnel » en classe par les élèves ?

Généralement on  s’accorde à penser qu’un enfant va à l’école « pour apprendre », « pour savoir », sans préciser quoi. Car les savoirs et les connaissances constituent des « concepts », terme abstrait qui renvoie pourtant à des exemples connus.

On distingue deux catégories de concepts :
- les concepts notionnels (ceux qui définissent une catégorie comme celle de liquide ou de solide, un phénomène comme la conduction électrique ou l’écoulement du temps entre deux levers de soleil).
- les concepts relationnels (c’est-à-dire les relations, ou, futures lois physiques au lycée) expriment les variations auxquelles est soumis un concept. Par exemple : plus la surface de la flaque d’eau est large, plus l’eau s’évapore vite… ; Plus le soleil est bas sur l’horizon, plus l’ombre du gnomon augmente).

En sciences, à l’école élémentaire, les contenus notionnels enseignés correspondent à ceux tels que : solide, liquide, fusion, jour, évaporation, propagation (de la lumière), température, ébullition, condensation, nutrition, croissance, reproduction, espèce, chaîne alimentaire, prédateur … etc.  Leur construction par les élèves obéit à l’enchaînement d’étapes maintenant bien repérées par la psychologie cognitive. Il revient à chaque enseignant de les mettre en œuvre, d’autant plus qu’elles sont cohérentes avec les démarches des savants qui ont établi ces concepts — ce que l’histoire des sciences nous apprend[2].

La construction d’un concept notionnel s’opère généralement en trois temps :

1. Les situations de départ (elles doivent être concrètes) auxquelles sont confrontés les élèves, par lesquelles celui-ci donnera un sens au concept à construire,
2. Les invariants, (ou régularités) obtenus au terme des opérations de pensée (comparer, trouver les égaux, etc…) qui interviennent au cours du traitement de la situation,  
3. Les symboles ou « représentant du concept » ainsi construit (généralement, c’est le « mot » employé, encore dit signifiant, ou, une lettre — par exemple la lettre « V » pouvant désigner en mathématiques un volume).

Si l’on cherche à construire les concepts de solide et de liquide, il convient que l’enfant soit invité à émettre des prévisions — par exemple, après une interrogation suivie d’une observation telle que « Comment grouper les échantillons de matière ? Quelles prévisions faites‑vous ? Expliquer votre raisonnement».
Au cycle suivant, en électricité, sur le thème conducteurs / isolants, on demande « quels objets /quelles matières peuvent remplacer un fil électrique ? ». Les recherches et manipulations de l’enfant lui permettent de construire le concept de « conducteur » ou « isolant » électrique. En astronomie, on invite l’enfant à identifier la constance d’un phénomène comme celui des levers du soleil pour établir leur durée voisine et construire le concept de « jour ».  En écologie, on vérifie que toutes les chaînes alimentaires commencent avec la production végétale et que la matière vivante est transférée de la proie au prédateur quel que soit le milieu étudié.
C’est à l’intérieur de ces contextes de recherche et d’activité intellectuelle et manipulatoire que l’enfant observe, compare, relève des résultats, classe… : il met en œuvre des opérations logico‑mathématiques qui lui permettent de dégager des invariants (ce qui ne change pas, ce qui est pareil…la propriété commune, ce qui a la même valeur, etc…). La recherche de ces invariants est l’occasion de dresser des tableaux — de classification, logiques et d’accéder ainsi à la maîtrise de la pensée logique, en même temps qu’à une maîtrise du langage scientifique en particulier le « tableau logique » ou tableau à double entrée dont l’utilisation est l’un des objectifs majeurs du cycle 2.  
Enfin, après ces deux étapes, il devient nécessaire de fournir un symbole — souvent, un mot, ou une lettre en mathématiques — qui exprime ce que l’on vient d’établir : c’est à l’enseignant de fournir ce symbole qui constitue ainsi le signifiant du concept ainsi construit.

En conclusion, la démarche de construction d’un concept se déroule en trois temps dont l’énonciation du symbole qui le désigne (son signifiant) constitue la troisième et dernière étape.

Conséquence pédagogique : On comprend que réduire l’étude d’un concept à la seule définition par l’enfant (ou du mot/symbole qui le désigne) ne peut absolument pas remplacer la démarche de construction de ce concept. C’est à ce prix que l’élève pourra donner un premier sens véritablement stable et authentique à ses apprentissages. Et c’est le prix à payer pour que, par cet apprentissage, l’enfant parvienne à l’opération d’abstraction que constitue le concept[3].
On notera que certains concepts, plus complexes, ne seront construits qu’au cycle 3 — comme, par exemple, le concept de durée du jour, celui de condensation de la vapeur d’eau, de cycle de l’eau dans la nature ou de source d’énergie. L’enseignant doit respecter la progressivité des apprentissages conformément aux programmes officiels, auxquels il doit se référer pour s’assurer que les objectifs de contenu et de méthode qu’il se fixe sont bien en cohérence avec l’âge de l’enfant et le niveau de la classe.


v  2. Faire construire un concept « relationnel» en science par les élèves ?

Au cycle 2, l’élève commence à s’interroger sur le fonctionnement de la nature.
Lorsqu’un phénomène physique ou biologique intervient dans le temps, l’élève peut se demander comment  le provoquer ou agir sur lui ?
Ainsi sur la fusion de la glace, les élèves rechercheront comment l’accélérer ? comment la retarder ? Sur la flottaison des corps, l’enfant s’interroge sur l’effet de la matière ou de son volume. Il désigne ainsi ce que l’on nomme les « facteurs » du phénomène.
Au cycle 2, l’établissement d’une  relation simple du type oui/non est recherchée : par exemple, « la chaleur fait fondre le glaçon » ; « il faut des objets en bois ou en liège pour qu’ils flottent ».
La formulation demeure simple, élémentaire, causale. Elle est qualitative et se limite au type : cause… effet ; condition… effet.

À l’école, la relation s’exprime donc généralement de façon qualitative. Pour l’élève, c’est la maîtrise du langage qui est ainsi directement corrélée avec la formulation d’une relation explicative : en faisant des sciences selon la démarche de construction de savoir, l’enfant perfectionne sa maîtrise de la langue tout en acquérant des connaissances.

AU CYCLE 3 :

En revanche, au cycle 3 l’investigation est poussée plus loin : on vise l’établissement d’une relation logique plus complexe à satisfaire.

Par exemple, la vitesse d’évaporation de l’eau est conditionnée par la taille (aire) de la surface du récipient où s’effectue l’évaporation, ou par la température ambiante. En électricité, le courant passe d’autant mieux dans le circuit — l’ampoule cible y brille plus ou moins — que le nombre des autres lampes est plus petit, ou bien (si l’on intercale une mine de crayon[4]) que la mine de crayon est petite, ou, grosse. La relation est ici celle de la vitesse d’évaporation avec l’aire de la surface libre du liquide à évaporer, ou de la valeur de la température de l’expérience ; en électricité, il s’agit de la relation entre le degré d’éclairage de l’ampoule cible avec soit le nombre des ampoules dans le circuit, soit avec la longueur / grosseur de la mine résistante introduite dans le circuit. La germination des graines et la croissance des plantes dépend des conditions environnementales (chaleur, lumière, nutriments …). On nomme facteurs du phénomène (de la relation), la surface d’évaporation, la température, le nombre des lampes, ou la longueur de la mine, ou sa grosseur, la quantité de chaleur, d’eau et de lumière disponible dans le milieu.

La relation (quantitative ou qualitative) entre les facteurs permet de faire des prévisions sur le phénomène : c’est la relation logique liant les deux facteurs actifs du phénomène. Plus tard, au niveau de l’enseignement secondaire, cette relation exprimera la loi naturelle à laquelle est assujetti le phénomène.

La phrase attendue au cycle 3 est celle du type : plus…… plus…… (exemples : plus la surface d’évaporation est large, plus la vitesse de l’évaporation est grande, ou bien, plus le nombre de lampes est grand, plus l’éclairage de notre ampoule diminue ; ou encore, plus la longueur de la mine intercalée dans le circuit est grande, plus l’ampoule perd de l’éclat)[5]. Elle caractérise les variations simultanées de ces deux facteurs : l’un des facteurs commande les variations de l’autre. Linguistiquement, la complexité s’exprime ici par l’utilisation des comparateurs logiques.


Cette relation logique à construire en classe appartient au champ plus général de « concept relationnel » qui constitue la deuxième catégorie épistémologique des concepts en jeu dans l’apprentissage. On notera que, comparé au concept notionnel (voir paragraphe précédent), le concept relationnel augmente en complexité  : c’est donc, seulement au cycle 2 qu’il commence à être introduit sous sa forme « cause – conséquence » ; ce n’est que plus tard, au cycle 3, que les comparateurs logiques sont utilisés (plus… plus…).

Il est donc déconseillé de vouloir des élèves qu’ils utilisent des tournures relationnelles avant le cycle 2, ceux-ci n’ayant pas encore la maturité intellectuelle suffisante. Ils doivent d’abord être capables d’une maîtrise de la causalité (comme au cycle 2). Ce n’est que plus tard (au cycle 3), que l’on incitera les élèves à anticiper sur le résultat (sous la forme d’hypothèse) et à formuler un jugement logique — mettant en œuvre les compétences mentales en construction au cycle 3 (on pourra se reporter aux bibliothèmes déjà parus pour le cycle 3).

REMARQUE : Si à l’école primaire, la relation est exprimée par une phrase, on la dit « relation qualitative » : cela ne veut pas dire que la relation n’est pas rigoureuse. La rigueur de l’information transmise et la justesse de sa formulation tiennent lieu de la rigueur souhaitée. Que cette information soit codée par une relation mathématique — désignée encore comme langage « formel » — n’entame en rien la rigueur du raisonnement précédent mais seulement ses limites et son champ d’exploitation. Le langage formel (l’équation mathématique) n’est qu’une autre modalité de s’exprimer en utilisant le langage symbolique mathématique. Il est exclu du champ de compétence de l’école primaire — sauf et exceptionnellement en fin de cycle 3, où des opérations très simples (par exemple : le produit « masse x distance » est constant dans le cas de l’équilibre)[6] peuvent prendre place.


III. Le rôle du maître s’ajuste au niveau de l’enfant

Si pour le petit enfant de maternelle, apprendre le monde c'est jouer en « faisant pour voir », en tâtonnant, en explorant et en « dessinant ce qu’il voit ou ce qu’il a fait », dès son entrée en grande section — au cycle 2 — l’enfant est invité à mettre en œuvre les premiers rudiments de la pensée logique. Il compare, classe, ordonne, etc… , toutes opérations mentales s’exerçant sur les objets qui lui sont proposés : c’est le début des opérations concrètes[7] de son apprentissage.

L’enfant au début du cycle 2 développe une pensée additive, dénombre et découvre l’addition au CP. Il acquiert une bonne maîtrise du tableau logique à double entrée, et construit les premiers concepts notionnels tels que longueur, masse, solide, liquide, fusion, etc….
Puis au CE1, sa pensée se complexifie,  : il maîtrise la multiplication où deux données se croisent (sans s’additionner) pour l’obtention du résultat : sa pensée devient multiplicative. L’enfant peut se lancer dans de modestes investigations pour trouver les réponses aux questions qui se posent à lui, en faisant des tests essais – erreurs.

La progressivité des apprentissages marque ainsi les démarches : celles en vigueur aux cycles 1 sont reprises et dépassées au cycle 2 (voir les démarches en sciences au cycle 2 dans la partie générale). De même au cycle 3 on assiste à une complexification des démarches lesquelles, en reprenant celles des deux cycles antérieurs, les dépassent en s’exerçant sur des champs plus complexes (mélanges, astronomie, électricité, reproduction etc…).

Les concepts notionnels sont de plus en plus élaborés : du concept de contact électrique au cycle 2, on passe à celui de circuit électrique au cycle 3 ; du concept d’évaporation construit au cycle 2, l’élève entreprend celui de condensation au cycle 3. Du concept de moment, l’élève passe à celui de temps et de jour au cycle 3 où sont aussi abordés les concepts d’hétérogénéité, de changement d’état, de reproduction sexuée ou végétative, etc … tout ceci sans pour autant rompre avec la démarche générale de construction de concept notionnel.

Au cycle 2 les élèves construisent les savoirs notionnels propres au cycle 2 (cf. programmes et instructions officielles).

La nouveauté au niveau du cycle 2 consiste en une première approche du fonctionnement des phénomènes. Les élèves cherchent à comprendre comment fonctionne la nature : ils font des suppositions, mènent des investigations pour trouver des réponses. Ils peuvent alors proposer des rudiments d’explications : l’eau s’évapore plus vite quand il fait chaud, pour que l’objet flotte il faut le choisir en bois ou en liège ou en polystyrène, pour faire briller la lampe avec la pile il faut établir deux contacts électriques avec les bornes de la pile, etc….

REMARQUE :

Au cycle 3, en plus de faire des prévisions et des investigations, les élèves sont parfois invités à pratiquer une démarche scientifique expérimentale au terme desquelles ils établissent des relations logiques. Ils peuvent alors proposer des explications à la faveur des prévision qu’ils proposent : l’eau s’évapore plus vite si on élargit la surface du liquide, la lampe brille davantage si on réduit la longueur de la mine placée dans le circuit, la reproduction sexuée permet le brassage et la transmission des caractères des deux parents.
On voit ainsi augmenter la complexité logique des expressions, caractéristique du cycle 3.


Pour cela, le maître doit concevoir les situations de départ, situations‑problèmes qui lancent l’activité. Ces situations doivent être incitatives, semi - dirigées pour permettre l’initiative de l’enfant ; surtout elles doivent ouvrir sur une curiosité, amener l’élève à une véritable activité expérimentale sur l’environnement pour trouver des réponses.
Par-dessus tout, l’enseignant les choisit de façon assez proche de ce que connaît l’enfant pour lui permettre d’avoir prise sur elles ; cependant, il doit les concevoir suffisamment éloignées de lui pour qu’il y trouve de l’intérêt[8]
Pour cela l’enseignant devient médiateur entre le savoir et l’enfant. Il assure aussi l’étayage[9] indispensable au travail de l’enfant. Il  organise les activités de la classe : les échanges oraux, les mises en commun, le débat dans la classe, etc..

Enfin, en accompagnant l’enfant dans ses activités, ses observations, ses prévisions et ses expériences, ses interactions avec les autres, le maître favorise l'activité langagière de l'enfant, sa rencontre avec l’altérité et favorise son ouverture aux autres comme élément central de la construction de la pensée.
Par son intérêt porté aux sciences, l’enfant progresse autant dans sa maîtrise de la langue que dans ses savoirs scientifiques. En participant à son apprentissage, non seulement l’enfant s’inscrit dans une histoire, mais se construit comme sujet singulier.






[1] La psychologie de l’intelligence rejoint ici la psychologie cognitive. Elle est initiée par Piaget (1896 – 1980), Vygotski (1896 – 1934) et leurs successeurs tel Bruner (né en 1915).
[2] Voir PIAGET Jean, Psychogenèse et histoire des sciences, ouvrage où Piaget essaie de modéliser la démarche d’appropriation d’un concept par l’enfant, en référence à celle de sa construction dans l’histoire par un savant.
[3] Cette opération mentale est désignée par Piaget du nom de « abstraction empirique » : il évoque l’idée de partir des manipulations et du concret palpable et manipulable  pour construire une entité abstraite, ici, un concept.
[4] Elle joue le rôle de ce que l’on nomme en physique, une résistance électrique.
[5] Le cas d’une relation-inverse est aussi possible (exemple de l’équilibre du levier : plus une masse est éloignée de l’axe, moins sa masse devra être lourde pour un équilibre donné).
[6] La relation qualitative décrite en mots au niveau élémentaire deviendra plus tard, au lycée, la loi (mathématique) du phénomène — exprimée par une équation mathématique).
[7] Voir Piaget J. et Inhelder, « La Psychologie de l’enfant », Paris, PUF, coll. Que sais-je ?. 12e édit., 1986.  
[8] On désigne ainsi la « zone proximale de développement de l’enfant », concept défendu par Wygostky. Voir Vygoski Lev, Pensée et langage, Editions la Dispute, paris, 1997.
[9] Un concept introduit par Jérôme Bruner. Voir Bruner Jérôme, Le développement de l'enfant, Savoir faire, savoir dire, PUF, Paris, 1981. Etayage : « ensemble des interactions d’assistance de l’adulte permettant à  l'enfant d'apprendre à organiser ses conduites afin de pouvoir résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au départ". Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jerome_Bruner

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